« J'y manquerai pas. » J’ai simplement souri en guise de réponse tandis qu’il a rangé le courrier. « Tu bois quelque chose ? » Pendant qu’il retirait ces chaussures, j’ai répondu. « Je veux bien un peu d’eau plate. » J’ai souri et il m’a à nouveau interpellé. « Te méprends pas hein je suis ravi. Ils méritent d'être heureux tous les deux, mais si c'est Mimsy qui retenait Patty ici.. j'ose me dire qu'elle déposera peut-être ses bagages ailleurs, maintenant. Je suis pas sur d'être prêt pour ça. » C’était un sujet à prendre avec des pincettes. « Je vois. » J’ai pris quelques secondes avant de pouvoir répondre, histoire de ne pas mettre les pieds dans le plat. « Je pense bien que tu es ravi pour eux. Si avant c’était Mimsy qui retenait Patty ici, désormais c’est toi. Elle voyage pour faire le deuil, mais elle reviendra parce que tu es ici et ça je suis prête à mettre ma main à couper donc tu n'as pas besoin d'être prêt pour ça. » Oui j’étais prête à mettre ma main en jeu c'est dire à quel point j'en était certaine, j’étais certaine qu’elle allait revenir pour lui après tout c’était une maman et puis quand on décide de partir définitivement techniquement on fait des démarches avant comme la vente de la maison. Elle avait juste besoin de temps.

J’ai prit le verre d’eau tout en l’écoutant. « Je suis pas certain que tu garderas tes deux mains longtemps alors. » Il avait prit un sourire amusé, au moins j’avais réussi à le faire sourire, même si ce n’était pas de la façon que j’avais espéré, j’aurais imaginé un sujet un peu moins sérieux. J’étais persuadée qu’elle reviendrait, sinon je n’aurais pas mis ma main en jeu, parce que c’était un peu mon outil de travail. « Et moi je suis certaine que je garderai mes deux mains encore longtemps. » J’ai bu une gorgée tout en l’écoutant. « Bien sur qu'ils reviendront prochainement, ça fait aucun doute, mais disons qu'après les noces ils ont plus de chances de s'installer en Suisse qu'ici. » De la façon dont il l’a dit ça paraissait logique pour tout le monde, mais pas pour moi. « Moi j’ai mis ma main en jeu et c’est mon outil de travail donc je maintiens ils vont s’installer ici et en attendant moi je suis là. »

« .. Dis celle qui a déserté pendant deux ans » Oui bon c’était bien joué. J’étais partie pendant deux ans, mais je suis revenue c’était ça l’essentiel. « Mais je suis revenue c’est le plus important non ? et elle va faire de même pour toi. » J’ai bien insisté sur le pour toi. C’est une maman. La mienne était excessive elle m’aurait suivi partout si on ne l’aurait pas empêché. Dieu sait qu’en étant mannequin elle avait voyagé, mais quand elle avait rencontré mon père elle s’était posée et sans aucune difficulté. Si j’aime autant voyager c’est principalement grâce à ma maman, si je pouvais partir tous les week-end je le ferai et dieu sait à quel point je pourrait vu tous les points miles qu’il me restait. Il s’est approché de moi, j’ai tout de suite compris ce dont il avait besoin, j’ai posé le verre avant de m’approcher un peu plus de lui, sans rien n'ajouter de plus, j’ai placé mes bras autour de lui.

Le silence a duré quelques instants. J’avais ses bras qui avaient encerclés ma taille et son visage enfoui dans mon cou. Il avait brisé le silence en me disant. « J'aime ta manière de me dire que j'ai envie d'entendre. » Il avait rit légèrement avant de déposer un bisou au creux de mon épaule puis il s’est écarté. Il n’avait pas tord, je disais ce dont il avait besoin d’entendre la plupart du temps, mais j’étais toujours certaine de ce dont j’avançais. J’étais loin d’être objective même si je m’efforçais de l’être au maximum. Concernant Patty je l’étais, ma maman était incapable de me laisser plus de vingt-quatre heures sans nouvelle, elle faisait son deuil et j’étais certaine qu’elle reviendrait parce qu’elle aussi est maman. « J’aime vraiment penser et te dire les choses que tu as envie d’entendre. » J’ai récupéré le verre avant d’en boire quelques gorgées.

Il a souri avant de s’éclipser puis de revenir. J’ai terminé mon verre avant de le laver rapidement. Il m’a adressé la parole pour me dire. « Au pire j'irai m'installer à Genève. » Puis il m’avait laissé comme ça, après une telle bombe dans la cuisine. J’ai pincé ma lèvre inférieur. Je pense que le verre aurait pu atterrir facilement par terre heureusement je l’avais posé quelques instants avant. Ce n’était pas plus mal qu’il soit parti quelques part dans la maison au final, parce que ce que j’allais dire ne collait pas vraiment à l’expression qu’avait prit mon visage. « C’est beau Genève, mais ils parlent français là-bas je te donnerai des cours si tu veux. » Bon j’en avais entendu parlé, je n’y étais jamais allée, mais j'avais vu des photos et c'était vraiment joli. J’étais partie après tout moi aussi, donc s’il avait envie de partir je ne pouvais pas le retenir, même si je l’avoue ça me ferait énormément de peine. « Je vais vite me doucher. » J’en avais grand besoin je pense ça a été jusqu’au bout une journée riche en émotion. Je ne savais pas du tout où se trouvait la salle de bain c’était peut-être une mauvaise idée de dire ça. Espérons que la chance soit avec moi. J’ai pris mon sac avant de prendre le nécessaire pour me doucher et de reposer le même. Je priais pour ne pas tomber sur la mauvaise pièce. Il fallait que je me montre logique histoire de ne pas ouvrir la mauvaise pièce. 

Jersey – Genève ce n’était qu’à une heure quarante en avion, une heure quarante de trop je tiens à le préciser quand même. Je ne préférais même pas y penser, je sais que je lui ai fait subir la même chose, alors j’avais préféré et je n’ai pas le droit de ne pas me plaindre surtout qu’il avait des raisons totalement valables à son départ, il était attaché à Patty et c'était normal qu'il envisage cette solution. J'étais trop mal placé pour lui reprocher de songer à quitter Jersey. J’ai préféré changer de sujet c’était préférable parce que je me connaissais que trop bien.  « Monte à l'étage, la salle de bain du haut est meilleure. » J’ai souri avant de le remercier. « C'est la porte au fond du couloir. » Je me suis retournée vers lui, j’ai passé ma main dans mes cheveux avant de le questionner « Il y a des serviettes dans la salle de bain ? J’étais certaine d’avoir oublié quelque chose et je me suis rendue compte que j’ai pensé au moindre petit détail et que j’ai complétement oublié les serviettes. »

Je suis bien restée sous l’eau glaciale pendant trois quart d’heures, je cogitais plus qu’autre chose. Habituellement je serai déjà dehors depuis un bon moment. J’ai enroulé la serviette autour de ma poitrine. J’avais encore les cheveux ruisselants. J’ai frotté énergiquement mes cheveux dans une serviette pour ôter l’excédent d’eau. J’ai jeté un coup d’œil à mon reflet dans le miroir et ce n’était pas très glorieux. J’ai décidé qu’il fallait que je lui dise. Alors je suis descendue rapidement, après avoir enfilé mes sous-vêtements et avoir remit la serviette en place. Je suis entrée sans toquer dans sa chambre et je me suis installée le plus délicatement possible sur son lit avant de me coller à lui et de lui dire. « Je suis vraiment désolée de ce que je vais te dire, c’est vraiment égoïste parce que tu as des raisons de vouloir le faire. Mais je dois te le dire parce que sinon je vais m’en mordre les doigts à vie et que je ne peux pas te dire quelque chose que je ne pense pas. Je n’ai pas du tout envie que tu partes de Jersey que ce soit à l’autre bout du monde ou à Genève même si c’est pas si loin que ça en avion de Jersey et je n’avais pas non plus envie que tu ailles voir la blonde du pub et dix sur dix c’était vraiment trop faible comme note. » Je me suis mordillée la lèvre inférieur avant de lui faire un bisou sur la joue en attendant sa réaction.

« Il en faut toujours un pour tout foutre en l'air... » Alors que j'allais le questionner sur son propos, j'ai senti ses lèvres contre les miennes et sa main sur ma joue. Ça cogne contre mon cœur. Battements de cœur irréguliers. Je me souviens de toutes les nuits partagées. Ces nuits où je le rejoignais dans son lit alors que tout le monde dormait et pendant ces nuits là il n’y avait que lui et moi. J’avais toujours détesté dormir seule, ça, ça ne date pas d’hier. Je me demande comment j’avais fait pour réussir à dormir durant ces deux dernières années sans entendre sa respiration, sans entendre son cœur remuer sous sa peau. « Je n'voulais pas te voir partir en Afrique non plus.. » Si j'étais partie, c'est parce que j'en avais éprouvé le besoin, mais il ne s'est pas passé une seconde sans que je pense ne serait-ce qu'un peu à lui. « Je sais et je suis désolée d'être partie. » Je ne comptais même plus le nombre de fois où j'ai voulu retourner sur Jersey et sincèrement s'il m'avait téléphoné ne serait-ce qu'une fois pour me dire ce qu'il ne voulait pas me voir partir ou pour me dire que Mimsy était morte, j'aurais directement sauté dans le premier avion pour rentrer. « Je ne peux plus te quitter. Je ne veux plus te quitter. Je serai toujours là. Je ne partirai plus, du moins pas aussi longtemps et surtout pas toute seule. » Je ne pouvais pas vivre comme ça. Je me maudissais d'avoir commis l'une des pires bêtises de ma vie. « Pardon. » Murmuré, chuchoté au creux de son oreille tout en ayant ma main sur sa joue à la bonne place enfin. La place que ma main n’aurait jamais dû quitter. Pardon pour tout. Pardon pour nous. Même si toutes les excuses du monde ne suffiraient pas à tirer un trait sur les deux dernières années. Je me rends compte de tout ce que j’ai manqué parce que j’étais incapable de gérer la souffrance, j’étais incapable de faire le deuil.

Je n’avais rien dit suite à ce bisou. La douceur protectrice de nos étreintes, cette complicité que je n’avais jamais eu avec quiconque à part lui, ces sales habitudes qu’on se donnait bien volontiers mutuellement. Il n’y avait que nous. « T'as pas à t'en excuser. » Je pensais que c’était nécessaire pour moi et je lui dirai certainement encore une bonne centaine de fois. Encore contre lui j’ai profité. Mes battements de cœur se voulaient encore irréguliers et saccadés. Je suis restée comme ça quelques minutes avant de prendre la parole. « Il faut que j’aille en haut, j’ai tout laissé en plan pour venir. » J’avais dit ça, mais je n’avais pas bougé d’un millimètre.

« Tu devrais peut-être enfiler quelque chose au risque d'attraper froid. » J’ai hoché la tête, tout en ne bougeant pas. Je suis restée pendant quelques instants avant de me lever. « Je reviens. » Je suis sortie de la chambre. J’ai séché partiellement mes cheveux. J’ai fais mon chignon, j’ai mis de l’eau micellaire hydratante sur mon visage, je troquais mon chignon contre une tresse pour les avoir légèrement bouclé le lendemain et je me brossais les dents et le tout en vingt minutes. J’ai enfilé mon pyjama. J’ai étendue les serviettes, demain j’en aurais certainement besoin j’ai sorti, les affaires dont j’avais besoin pour le lendemain, mon portable, le chargeur, mon carnet et mes crayons. Je suis descendue le tout en main et je l’ai rejoins dans la chambre. J'ai posé tout sur le meuble et je me suis installée sur le lit.

Je m’étais installée sur son lit tandis que lui était près de la fenêtre. « Morphée s'installe petit à petit ou la caféine domine ? » J’étais actuellement divisée en deux, mon corps avait bien besoin de minimum huit heures de sommeil, mais mentalement c’était la foire. Si j’arrivais à dormir une ou deux heures c’était bien. De toute façon je passerai la journée du lendemain en décalé. « La caféine domine. » J’ai posé mes affaires sur le meubles, je ne comptais pas travailler du moins pas maintenant, tant qu’il était réveillé. J’avais envie de profiter de lui, j’aurais largement le temps de travailler plus tard. « Je dis ça mais tu m'as l'air d'avoir toutes sortes de distractions, là. » J’étais prévoyante et quitte à attendre qu’il se réveille, je pourrais m’avancer durant la nuit ce qui fera que la journée de demain ne sera pas si pénalisante que ça. « Je suis simplement prévoyante, mais si j’arrive à trouver le sommeil ça m’arrangerait beaucoup plus que de bosser. Tu ne viens pas ? »

« Tu veux un chocolat chaud ? » C’était vraiment très tentant, le café empêchait de dormir et le chocolat chaud lui faisait dormir ce qui semblait être un bon moyen de dormir quelques heures, mais malheureusement je ne pouvais pas accepter. « Je lui ai trop fait d’infidélité aujourd’hui et en plus je me suis brossée les dents donc même si je voudrais tellement dire oui, je ne peux pas. Donc tu vas devoir me supporter jusqu’à ce que tu t’endormes. » Il s’est installé sur le lit en largeur tout en me regardant sans dire un mot. J’ai souri, je me suis pincée la lèvre inférieur avant de le rejoindre et de me pelotonner contre lui. J'avais cette fâcheuse manie de toujours vouloir être collée à lui, un peu à la façon pot de colle. « Il y a quelque chose qui ne va pas ? »