Cette nuit là, Noah était de garde à l’hôpital. J’avais mis un certain moment à m’endormir, à vrai dire je n’avais plus trop l’habitude de m’endormir sans lui à mes côtés. En Angleterre, le hasard faisait tellement bien les choses, que la plus part du temps, nous étions de garde la nuit en même temps. Travailler avec son amoureux, faisait parfois que le temps semblait moins long. Mais maintenant que nous étions à Jersey, il était le seul à travailler alors que je tournais en rond dans la maison, comme un lion en cage, à passer mon temps à manger des fraises et du chocolat. Je commençais tout doucement à ressembler à une baleine. Une baleine enceinte. J’avais alors passé ma soirée devant la télé, après avoir zappé, j’avais jeté mon dévolu sur un film, Edward aux mains d’argents, et j’avais pleuré comme un bébé en le regardant, tout en mangeant du chocolat. Après ça, j’étais monté dans la chambre pour me coucher. Il n’était pas trop tard, dix heures et demie seulement. Mais je n’arrivais pas à dormir. Je regardais le plafond, puis de temps à autre, les mains posées sur mon ventre je me surprenais à parler au bébé comme Noah le faisais. Je lui racontais des histoires, sur son papa, sur mes amis, les bons moments que j’avais pu passer sur l’île, ma rencontre avec Noah, et tous ses souvenirs me décrochaient un sourire sur les lèvres. Et c’est tout simplement que je m’étais endormie, les mains sur mon ventre, sans avoir pu éteindre la lumière au préalable.

Je me réveillais en sursaut au milieu de la nuit. Noah n’étais toujours pas rentré, et il ne rentrerait pas avant quelques heures. Il était environ quatre heures du matin et quelqu’un tambourinait à la porte d’entrée. J’enfilais quelque chose de plus chaud par-dessus mon pyjama, et ce n’est pas confiante du tout que je descendais les escaliers. Qui est-ce qui pouvait bien frapper comme ça à une porte à une heure pareille ? Je me fis tout un tas de film dans ma tête, avant de regarder discrètement par la fenêtre se trouvant juste à côté de la porte d’entrée pour voir qui c’était. Une jeune fille, à la longue chevelure rousse. Je ne la connaissais pas du tout mais elle n’avait pas l’air d’une tueuse psychopathe avec une tronçonneuse. J’allumais donc la lumière dans le couloir avant de lui ouvrir la porte, me retrouvant face à la jeune fille. En la voyant, je comprit directement qu’elle n’était pas dans son état habituel, revenant certainement d’une fête. Et surtout, quand je la regardais, je me voyais moi, il y a quelques années, rentrant des soirées dans le même état qu’elle, si ce n’était pire. « Je peux vous aider ? »

Quand je voyais la jeune fille face à moi, j’avais l’impression de me voir moi, revenant d’une soirée, il n’y a même pas si longtemps que ça. Lorsque j’avais ouvert la porte, elle riait, et on pouvait directement comprendre qu’elle était saoule. Et puis la bouteille qu’elle tenait à la main nous en donnait la preuve. Quelqu’un d’autre aurait appelé la police, si quelqu’un avait frappé à sa porte à une heure pareille. Mais je me souvenais alors qu’à une époque, j’aurais également voulu qu’on m’aide lorsque je rentrais de soirée et que je me souvenais à peine de mon nom. « Je peux vous aider ? » Je ne détachais pas mon regard de la jeune fille, très inquiète. Je ne savais absolument pas qui elle était, c’était la première fois que je la voyais. Elle devait être du coin, pour être venue ici, à mon avis. La jeune fille finie par hausser les épaules, avant de me répondre : « Je... Je me suis perdue. » Et en voyant son sourire s’effacer de son visage, mon cœur se serra. Peut-être était-ce les hormones qui me jouaient des tours, mais ce n’était pas que ça. Elles ne faisaient qu’amplifier mes sentiments, j’avais vraiment de la peine pour cette petite. « Viens, entre… » Je me mis sur le côté, et passant doucement mon bras autour de ses épaules je l’aidais à entrer. Je l’emmenais jusqu’à la cuisine, l’aidant à s’installer à table, avant de poser sa bouteille. Je lui servis un verre d’eau avant de m’asseoir face à elle. « Ça ira un peu mieux après ça… » Je la regardais. « Tu t’appelles comment ? Tu habites où ? »